Documents coup de coeur

Au cours des classements, les archivistes découvrent régulièrement des documents qui attirent leur attention.Qu'ils soient surprenants, beaux, drôles, émouvants, prestigieux ou utiles, tous ces documents sortent de l'ordinaire.
Nous partageons ici avec vous ces découvertes qui contribuent à rendre le métier d'archiviste passionnant.

Une photographie-mystère du fonds Labouche identifiée

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En 1993, le Conseil départemental de la Haute-Garonne fait l’acquisition du fonds d’images de la maison toulousaine de cartes postales, Labouche frères. Ce fonds comprend, outre les cartes postales, des supports originaux dont des photographies sur plaque de verre. Ces dernières sont destinées à être éditées en carte postale.

Mais parmi ces plaques de verre, se trouve un ensemble non légendé, qui fait plutôt penser à des photographies de famille. Mais qui est donc ce jeune soldat ? L’enquête va commencer.

 

Pendant de nombreuses années, ce jeune soldat est resté sans nom. C’est le don récent d’un album photographique par Mme Brigitte Suarez qui va apporter la réponse à notre question. Nous y découvrons des portraits de famille légendés représentant l’un des frères éditeurs de cartes postales, Lucien Labouche (1864-1959), accompagné de sa femme et de ses deux enfants, André et Suzanne. Deux enfants que l’on voit de près dans l’album photographique, et dont l’examen nous permet d’identifier une autre plaque de verre conservée dans le fonds familial non légendé, représentant deux enfants d’une dizaine d’années avec leur chien.

 

De fil en aiguille, l’étude des visages permet de reconnaître dans le jeune soldat en pose dans le jardin royal, ce même fils André, quelques années plus tard.

Ces deux descendants de la maison Labouche connaîtront des destins différents. L’un est tragique, car le jeune André qui pose fièrement n’a plus que quelques années (ou mois) à vivre. Ayant devancé l’appel, il s’engage dans l’armée en février 1915, et combat pendant près de deux ans dans le 57e régiment d’artillerie, avant d’être détaché à l’École de Fontainebleau. Il repart ensuite au front en août 1917. Promu sous-lieutenant, il passe au 267e régiment d’artillerie en juillet 1918. Le 3 octobre 1918, il est tué sur le champ de bataille. Son décès met fin à la succession masculine pour reprendre l’imprimerie-papeterie Labouche.

 

C’est donc sa sœur Suzanne, qui sera amenée à prendre des responsabilités dans la conduite de l’entreprise familiale. Mariée en 1922, elle travaillera avec son oncle Eugène et son père Lucien, jusqu’au décès de ce dernier en 1959. En 1966, l’entreprise est reprise par une autre famille de libraires, les Suarez, jusqu’à la vente du fonds au Conseil départemental en 1993.

 

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